Une chaleur écrasante, deux motos et un vieux van, c’était parti pour 300km à travers les Pyrénées pour rejoindre la frontière espagnole puis le désert des Monegros. Explorer les pistes, dormir à la belle étoile, un programme simple qui devait s’effectuer en moins de trois jours.
Jour 1 : le départ
300km qui n’allaient pas être de tout repos pour Julien et qui annonçaient une belle séries de casses et pannes en tout genre sur son Africa Twin..
« 15/20km après le départ, les ennuis commencent, je sens quelque chose me piquer sous mon blouson, je tape, ignore et continuer de rouler malgré une moto qui, au même moment, commence à montrer des signes de faiblesse, je soupçonne la pompe à essence que je shunte en arrivant à Oléron Sainte Marie ou les filles nous attendant à l’usine Lindt (y a pire). Je me rends compte aussi que la fameuse piqure était l’œuvre d’une guêpe encore accroché à mon torse. »
« Arrivés en Espagne, on fait une pause pour déjeuner dans une petit bouiboui en bord de route. Je rebranche la pompe à essence qui n’était visiblement pas la fautive vu comment la moto roulait toujours aussi mal. Le passage du col a été un enfer avec pas plus de 60km/h. En repartant, on s’arrête à Jacca et je tombe sur un garage moto qui, 4 ans plus tôt, nous avait aussi dépanné lors d’un roadtrip entre potes. Je vérifie les bougies, deux sur quatre sont mortes, il me prête une clé, je les change et je me rends compte qu’une bobine d’allumage est également HS. Par chance il en avait une en stock et me sauve encore une fois. On repart. 10km plus loin, je me rends compte que le filtre à air est cassé, je le vire et retrouve enfin des sensations normales. »
Initialement, ce voyage devait se faire en octobre. Le sort en a décidé autrement avec l’accident de Leia. On se pose alors avec nos compagnons de route, Julien et Agatha (Julien n’a QUE des copains qui s’appellent Julien…) pour regarder nos prochains week-ends en commun : juillet.
Pas une seconde on ne se pose la question de la température. On fait quand même attention que ce ne soit pas le moment du célèbre Monegros Desert Festival (même si j’adorerais le vivre un jour), la route est libre, la date fixée. Le premier jour on a qu’une hâte : arriver dans le désert. La chaleur nous passe par dessus malgré les longs moments à attendre les garçons suite aux nombreuses pauses ‘réparation’.
On est arrivés en fin de journée sur un joli spot avec une vue incroyable et une adorable église. Le temps de profiter des derniers rayons de soleil pour installer notre campement pour la nuit (Julien et Agatha dormaient dans une petite van proche du van) et faire les premiers tours de piste pour explorer les environs.
Je crois qu’à ce moment-là, on ne réalisait pas encore la chaleur assommante qui allait nous accompagner tout au long de ce roadtrip. Les moustiques ont commencé a pointé le bout de leur nez et se sont fait un festin de nos chevilles avant qu’on ne parte tous se coucher, excités de savoir si le lever du soleil serait aussi beau que son coucher.
Jour 2 : à la recherche d'une peu de fraîcheur
Evidemment, Leia et Padmé était de la partie ! On n’a pas trop joué avec cette dernière qui aime beaucoup trop explorer les contrées sauvages et on l’a promenée en laisse histoire de ne pas perdre une journée à attendre qu’elle veuille bien poursuivre le chemin avec nous. On a vite pris la route histoire de profiter de la fraicheur du matin (c’est faux, le mot fraicheur est à rayer de son vocabulaire dans le désert des Monegros en plein été). Plus on avançait sur la piste principale, plus on été émerveillés. Les paysages nous transportent à des milliers de kilomètres alors qu’on est à seulement 4h d’Hossegor.
Mais c’est sans compter la chance légendaire de Julien en roadtrip. Ce qui est drôle c’est qu’en les suivant en van, on arrivait toujours avec un petit temps de décalage et à chaque fois, on ne le retrouvait pas sur sa moto à discuter mais dessous.
« Lendemain midi la pompe à essence lâche définitivement. Petite pause pour la shunter et on repart. On n’en peut plus de la chaleur et on décide d’aller chercher de la fraîcheur plus bas au bord de l’eau. »
Après une pause déjeuner au milieu des moutons près de la rivière, on décide de continuer dans ce coin et de remonter le lendemain pour continuer à explorer le désert sur le chemin du retour. Un ermitage sur une presqu’île nous fait de l’oeil et nous voilà partis pour 20km de piste sous des paysages toujours aussi incroyables. On laisse les garçons passer devant pour profiter et on avance tranquillement avec un Sullivan qui revêt des allures de 4×4.
« Quand on rentre sur cette fameuse piste, toute la frustration de deux jours d’une moto peu conciliante s’évacue et je décide de partir rouler à mon rythme. 15km de pur plaisir. Je sens la moto qui réagit exactement comme je veux, des paysages de fou… 5km avant d’arriver, je décide de m’arrêter pour attendre les filles juste après une petite bosse. Julien me rejoint quelques minutes après et me propose de filmer le saut. La bosse est minuscule, ça ne rendra pas grand chose mais je suis super chaud quand même, il faut bien s’occuper.
Je repars, je prends mon élan, je décolle les roues du sol, 15-20cm à peine, et à la réception j’entends la roue qui tape contre le garde-boue et qui reste bloquée. Dans ma tête, deux solutions : soit j’ai pété l’axe de la roue, soit la roue. La moto continue de rouler, je m’arrête, je descends et je vois l’amortisseur qui a cassé. Soulagement parce que ça au moins, je peux le réparer. On traine la moto jusqu’à un semblant d’ombre, je regarde les dégâts. Rassuré mais dégouté parce que c’était encore moi qui vais retarder tout le monde et surtout parce que cette fois, ça signe vraiment la fin du trip. »
« Je vois julien dépité et je lis dans ses yeux ‘il repart pas’. Je regarde tout ce qu’il y a autour de moi, je vois une tige en fer, une caisse, une espèce de maison de berger. Je vais voir ce qu’il y a intérieur, plein de vieilleries abandonnées depuis un moment, je prends des caisses pur me faire un stand et poser la moto dessus.
Je récupère l’axe de la biellette qui était cassée, je la décale pour pouvoir la repositionner au niveau de la prise de la béquille centrale. Ça fonctionne. Je teste, ça tient. J’attache le ressort à la biellette. Pour moi la réparation peut tenir jusqu’en France mais je ne suis pas hyper convaincu de sa durabilité non plus. Je me mets donc à la recherche de quelque chose qui peut faire axe et me rappelle avoir vu une vis dans le mur de la cabane (qui avait du servir de porte-manteau à une autre époque). Je suis allé la récupérer (merci et désolée monsieur le berger), c’était le bon diamètre, improbable.
Un peu de scotch pour sécuriser le tout et nous voila repartis pour 20km de piste incroyable à 2km/h avec une moto en qui j’ai zéro confiance. Grande frustration de la prendre à cette allure mais trop content d’arriver au spot le soir pour dormir avec un moto qui va rentrer en France.«
A l’allure où on fait le trajet retour, impossible d’arriver à un joli spot avant la nuit, on décide alors de s’arrêter en bout de piste. Mis à part quelques agriculteurs il ne doit pas y avoir grand monde qui passe par-là. Peut-être pour nous consoler un peu de cette fin arrivée trop vite, le ciel devient tout rose pour accueillir la lune qui se lève. On s’arrête pour quelques photos avant de se poser et d’aller balader Leia et Padmé qui ont été très patientes lors de cette après-midi compliquée. Le lendemain il ne nous restera que de la route ‘normale’. 300km retour sans amortisseur, ça fait mal au dos. Mais une séance de notre ostéopathe préférée plus tard et Julien était remis et prêt à affronter de nouvelles pannes ! De notre côté on a subi la chaleur de plein fouet avec un van courageux mais pas adapté pour rouler sous plus de 40°C (si vous ne le savez pas, pour refroidir les moteurs de T3 qui chauffent vite, il faut mettre le chauffage dans la cabine, un bonheur…).
"Même si sur le moment c'est chiant, stressant et éprouvant, ça laisse de beaux souvenirs et de belles histoires à raconter. Hâte d'être au prochain..."
La nature est fragile, si vous partez explorer un endroit, en van, bivouac ou n’importe, merci de respecter les lieux et de ne laisser aucune trace de votre passage. C’est aussi pour cette raison que je ne partage pas les coordonnées GPS des endroits cités dans cet article !