Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas parlé ciné par ici… Et pour cause, je suis pas très douée en la matière. Je n’y vais quasiment jamais, et quand j’y vais, je veux jamais trop en écrire pour ne rien dévoiler au film, c’est souvent beaucoup plus subjectif que factuel… Bref, comment faire une super introduction à un article pour vous donner envie de lire la suite ! Non, mais quand même, je trouve ça chouette de pouvoir vous parler des films que je vais voir (comme
Moonrise Kingdom ou
Frankenweenie) mais en général c’est plus quand j’ai des coups de coeur… Et aujourd’hui, ça n’en est pas un du tout. Je vous raconte…
Apple et moi, c’est une grande histoire d’amour qui a commencé à peine j’avais posé les pieds sur cette terre (et croyez-moi, ça commence à faire un petit moment). On a eu la chance d’avoir un des tout premiers Macintosh à la maison, et depuis, ça ne s’est plus jamais arrêté, du vieux powerbook en niveaux de gris à mon amouuuur de retina… Dans tout ceci, il y a eu plusieurs étapes. D’abord la solitude face à cette petite merveille, à part ma soeur (c’est elle sur la photo, admirez le style) et mon papa, fin des années 80, je n’avais pas beaucoup d’amis avec qui partager mon nouvel amour. Puis est venu le temps où je m’en suis pris plein la tête par tout le monde parce que rien n’était compatible et que Mac c’était nul, et cher, et bla et bla et bla… Cette période a duré un long moment je dois dire, et je me sentais un peu seule au lycée quand tous mes copains se ramenaient avec leurs PCs pendants les Lan Party et que moi je devais me contenter de regarder un dvd sur la télé… Mais pour rien au monde je n’aurais abandonné mes bébés. Puis arrivé mes années Fac, coup de grâce, je ne pouvais plus faire un mètre dans les couloirs sans croiser un macbook, la terre entière vénérait Steve Jobs et j’avais envie d’aller retirer les écouteurs d’iPod de chaque personne que je croisais pour leur dire « je vous l’avais dit, je vous l’avais dit !« . Bref. Tout ça pour dire, que Steve, je l’aime. Alors quand un biopic a été annoncé, j’ai fait « RRRrrrrr« , méfiante, mais impatiente.
Du coup, comme à mon habitude quand je sais que je veux aller voir un film, je me bouche les oreilles et les yeux dès que la B.A. passe et j’essaie d’en savoir le moins possible. J’avais aperçu quelques photos d’Ashton Kutcher et j’avais trouvé la ressemblance vraiment bien faite, mais c’est tout, après, c’était la surprise. Et ça en fût une pas vraiment bonne. Que ce soit en amoureuse de Steve ou en amoureuse du cinéma, je vous déconseille
Jobs.
Le film n’a aucune âme, il donne l’impression que le scénariste a lu vite fait la page Wikipedia de Jobs, qu’il s’est noté deux-trois idées et phrases-clé sur un calepin qu’il a ensuite essayé de caser dans son film. Genre «
Ah, il a été adopté…« , «
Hey, j’ai une surper idée, je vais le faire pleurnicher 4 secondes au début en lui faisant dire « mais comment peut-on abandonner un bébé »…« , «
Bon, histoire de l’adoption réglée, on passe à son odeur corporelle« . Je sais bien qu’on peut pas faire rentrer une vie aussi complexe et remplie que la sienne dans 2h de film mais un petit peu de fluidité aurait pas fait de mal. Et question subtilité, la même : «
Merde, je vais pas avoir le temps de traiter l’époque iPod« , «
Attends je sais, on va juste lui faire écouter un walkman et il sera tellement en colère que le bouton marche mal qu’il va le jeter à la poubelle« , «
Ouais, c’est bon ça ! Allez, histoire de l’iPod réglé, on passe au fait qu’il se garait sur les places handicapées« .
Les époques s’enchaînent, si on connaît déjà un peu l’histoire, on comprend à peu près tout ce qu’il se passe mais on se demande pourquoi ils zappent certains trucs pas mal importants de sa vie, et si on ne la connaît pas, ça se devine mais on se demande ce qu’il s’est passé entre deux scènes.
Le problème aussi, c’est que même si les costumiers et accessoiristes ont fait du bon boulot, ça passe pas. Ok, les vêtements sont directement inspirés des photos d’archives, y a des petites vieilleries un peu partout mais non. Je sais pas, rien que le campus au début, j’ignore si c’est le campus lui-même, la façon dont c’est filmé ou les figurants… Mais j’avais juste l’impression de regarder un film américain pour ado. Genre American Pie (y a un campus dans American Pie ?) ou Scream vous voyez… Pas une seconde on se dit « Hey, dans tous les bureaux de l’administration, y a pas un seul ordinateur, PAS UN SEUL !« . J’avais trouvé cet aspect extrêmement bien réalisé dans Argo, on replongeait directement plus de 30 ans en arrière. Puis, suis désolée, mais Ashton Kutcher, je l’adore hein, mais pendant tout le film je n’ai vu que l’ex de Demi qu’on a vu dans tous les magasines people.
Bref, je m’y attendais un peu, mais j’ai vraiment été déçue. On ressort de là sans rien. Quand on écoute son fameux
discours à l’Université de Standford, on se sent puissant, on se dit que rien ne peut nous arrêter, qu’il faut y croire, foncer, oser. Quand on ressort du film, on se dit juste qu’on est une toute petite crotte à côté de lui (bon, ok, c’est pas faux, mais c’est pas censé nous faire sentir tout petit, c’est censé nous faire rêver et nous pousser à croire en nous).
Ils ont commencé à deux copains dans leur garage et ils ont complètement révolutionner le monde. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, en toute objectivité, si on regarde d’où est parti Jobs et où il est arrivé, d’abord en l’espace de 2-3 ans, puis en l’espace de toute une vie, on ne peut que halluciner. C’était fou, autant dans le matériel, ce qui était en train de prendre forme, que dans l’humain, avec toutes cette effervescence et ses talents réunis au sein d’un même endroit. J’avais envie d’être replongée dans cette folle époque, la revivre histoire d’une paire d’heures, il n’en a rien était… Par contre, si ça vous intéresse, je suis absolument fan du travail de Doug Menuez qui a suivi toute cette folle aventure de 1986 à 2000 pour sa « série » Silicon Valley. En regardant ses photos, là, je fais un petit voyage dans le passé et je me dis que ça devait être juste fou de chez fou. Enjoy.