J’ai toujours été admiratives des personnes à qui la vie avait fait une belle crasse et qui pourtant continuaient de vivre avec une intensité assez étrange, comme cette jeune femme devenue paraplégique à cause d’un chauffard doté d’un peu trop d’amour propre. Maintenant je comprends un peu mieux. Depuis qu’il n’est plus là, j’ai l’impression de m’être fait amputer d’un membre, et puis pas de mon annulaire ou de mon petit orteil, non, d’un membre indispensable à ma survie. Et pourtant. Pourtant je n’en veux à personne, ni à lui, ni au destin, ni à la maladie qui j’espère, y a joué pour beaucoup. Au lieu de m’avoir mise en colère, ça m’a donné envie de profiter encore plus de chaque petit bout de vie. La moindre petite chose me remplit de bonheur : glandouiller sous la couette avec mes amis devant une comédie pseudo-romantique avec Sandra Bullock et Keanu Reeves parce qu’il pleut dehors, écouter Kali pendant des heures me parler de son amoureux, savoir que Franck est capable de rester toute une soirée à m’apprendre trois notes de guitares du morceau le plus facile du monde sans perdre patience, battre Adrien à Mortal Kombat (je dis pas ça pour que tu me laisse gagner la prochaine fois hein ^^), sauter et hurler pendant L’aventurier (oui, on ne danse et chante pas sur Bob Morane, on saute et on crie) que ma Camille demande tout le temps pour moi quand on sort, les sauvetages d’étoiles de mer, manger du houmous avec les gens que j’aime au bord de la Garonne, faire des voeux quand on voit une chauve-souris à défaut d’étoiles filantes, être décidée à m’inscrire au roller derby et y croire… Bref, je ne vais pas commencer une liste, on en aurait pour des pages et des pages…
Alors oui, j’ai perdu l’amour de ma vie (ou plutôt « un des »), je vais divorcer d’ici une quinzaine de jours et ça me brise le coeur, mais tout ça, ce n’est que 10 petits pour cent… Pour les 90 autres, on a décidé de faire une belle soirée d’enterrement de vie de femme mariée et mon amour de copine m’a organisé tout ça d’une main de maître.
Chez ma tatie y a une petite carte qui dit de chanter comme si personne ne nous écoutait, de danser comme si personne ne nous regardait (mes amis, à leur grand désarroi, pourront confirmer que c’est déjà le cas) et d’aimer comme si on n’avait jamais été blessé. Et c’est bien ce que je compte faire. La douleur est là, chaque jour, mais rien à côté de tout le bonheur que ça a été. Alors, promis, je vais retomber amoureuse, bientôt, et pour ça, j’ai mon copilote préféré qui m’aide !