Ce dernier week-end là, on n’a pas réalisé ce qui se passait… Peut-être parce qu’on se tient loin des médias et de leurs mauvaises (ou fausses) nouvelles, peut-être aussi que cette situation est tellement inédite qu’on était à mille lieux de l’imaginer même si c’était déjà en place chez nos voisins. Quelques jours avant, je découvrais que les écoles allaient fermer (entre autres) et c’était déjà complètement fou. La dernière fois que j’avais parlé du virus avec des personnes, il n’y avait que quelques cas en France et graves uniquement pour les personnes « vulnérables ». Alors la vie a suivi son cours malgré tout. On est allés au garage s’occuper de Sullivan, il avait des petites fuites d’eau (est-ce qu’on peut parler de la météo de dingue qu’on a depuis qu’on est tous enfermés et qui fait suite à trois semaines de pluie non stop quand on pouvait sortir ?).
Un joint de pare-brise plus tard changé avec les copains et beaucoup de silicone sur le panneau solaire, on rentre à l’appart. Même si tout ça me paraît tellement loin et irréel, on décide d’être sérieux et de déplacer le verre prévu du bar à notre appart. Mais il fait un grand soleil et un de nos potes est déjà installé en terrasse, juste en bas de l’appartement, alors finalement on le rejoint… Puis là la nouvelle tombe, toutes les boutiques, les resto, bars doivent fermer à minuit. C’est encore plus irréel, tellement qu’on ne le réalise pas vraiment, je pense aux boutiques des copines, à la merde financière que ça va être pour elles, je pense à mes futurs mariages qui risquent d’être annulés, à ma séance de lundi et je me demande si je dois reporter. Dans ma tête on est encore loin du confinement.
Tellement loin que le dimanche on se rejoint tous au garage pour un BBQ, on sait qu’il ne faut pas aller dans les lieux publics, qu’il faut faire attention aux personnes fragiles, mais on n’imagine pas une seconde qu’il faut arrêter de se voir. Pendant qu’on mange trois saucisses entre nous, des milliers de gens se côtoient dans les bureaux de vote, pour moi tout est normal et j’oublie les tracas du quotidiens près d’eux. On en profite pour faire les photos du casque désigné par Julien, on apprend à Elsa à faire de la moto…
Charlotte est passé nous faire un coucou aussi et elle profite de Sullivan pour lire au calme pendant que les autres font n’importe quoi, et moi de temps en temps, je me demande si je dois annuler ou non ma séance de demain. C’est chez la famille, aucune raison qu’on soit trop à moins d’1m (même si j’aime bien faire des câlins à mes clients). C’est fou comme l’esprit a du mal à assimiler une situation complètement nouvelle tant qu’elle n’arrive pas concrètement. Finalement je laisse à mes clients le choix, en leur disant qu’il n’y a pas de souci de mon côté en prenant toutes les précautions.
Puis finalement, je reçois quelques messages sur Instagram. Les réseaux sociaux comme je les aime, pour s’informer auprès des bonnes personnes et tout en bienveillance. Les personnes travaillent dans le médical et me racontent qu’en fait, c’est beaucoup plus la merde qu’on veut bien nous le laisser croire. Qu’il n’y a plus de masque dans les hôpitaux (alors que les bureaux de votes en sont remplis), qu’on manque de matériel et qu’il y a vraiment beaucoup de cas et que ça va être pire d’ici une semaine, quinze jours. Que même entre amis, même en petits groupes, même dehors, il ne faut pas se voir. On discute et je comprends mieux ce qu’il se passe. Le lendemain, dans nos têtes on est déjà en confinement, pour se protéger, pour protéger les autres et pour que tout ça finisse vite. Puis à 20h, c’est l’annonce officielle, enfin à demi-mots… Aujourd’hui encore il y a tellement d’incohérences, de situations qui me rendent folles (des clients qui me racontent que leur boîte les oblige à reprendre le boulot sur site alors qu’il n’y a aucune mesure d’hygiène respectée, toutes les personnes que je vois se balader de ma fenêtre, aller faire les courses avec leurs enfants…). J’ai envie d’être en colère et en même temps, j’ai fait l’erreur moi aussi ce week-end là, je n’ai pas pris la mesure des choses. J’espère que ces personnes se rendront vite compte de l’urgence et la nécessité de la situation.
En attendant, même si la nature me manque comme jamais (on a bien évidemment préféré rester à l’appart pour toutes ces semaines que dans le van), même si je rêve d’une rando ou ne serait-ce qu’une petite demi-heure de marche en centre ville, j’apprécie ce temps qu’on nous a offert. J’ai enfin commencé à bosser sur les projets qui attendaient depuis un siècle dans ma to-do list, je me suis mise à jour de tout mon administratif, ma compta, je me suis inscrite à des formations en ligne et j’espère reprendre la guitare entre deux broderies. Je découvre de nouveaux endroits chou dans notre appart (30 m2 et il me réserve encore des surprises), je lis sur le rebord de la fenêtre pour sentir le soleil et parfois je sors mon vieil appareil photo (oui parce que j’ai décidé de renvoyer mes appareils en révision chez Canon PILE avant le confinement, instinct !). Bref, je prends ce temps comme un cadeau même si les montagnes et l’Océan me manquent, mais je me dis que pour la nature, c’est encore un plus beau cadeau 🖤.
Et j’envoie plein de force à ceux qui subissent la maladie de près ou de loin 😘