Parfois, je me perds un peu entre ce que j’aime photographier, ce qu’on me demande de photographier ou même ce que je pense qu’il faudrait que je photographie. En avoir fait mon métier est surement une des meilleure décision que j’ai prise de toute ma vie, mais si j’adore mon métier par dessus tout, je lui reproche aussi bien souvent de m’avoir éloigné de la photo « plaisir ». Celle qu’on prend juste comme ça, pour nous, pour se souvenir. Sans aucune pression, sans aucune attente…
Alors régulièrement, je me force à oublier et à me laisser porter.
Je ne suis pas une accro aux bouquins, mais parfois, je tombe sur des livres qui, sans raison a première vue, me fascinent. A première vue, car au-delà du plaisir de les lire, ils m’amènenent souvent à me poser des questions sur moi-même, sur ma façon de voir les choses et me font avancer… C’est ce qu’ont fait Magnum : Planches-contacts (dont je vous avais déjà rapidement parlé ici) et Réussir des photos inoubliables.
de George Lange.
A la première lecture, ce livre émeut, remplis des photos certainement les plus marquantes du siècle. On se replonge dans l’histoire du monde à travers des clichés magiques qui ont marqué beaucoup d’entre nous. On prend plaisir à découvrir le récit qui se cache derrière chacun d’eux.
Pour la photographe plein de doutes que je suis, ce livre m’a permis de prendre conscience que derrière une photo bluffante se cache souvent une chance incroyable. Mais il m’a surtout rappelé que la chance se provoque. Derrière les humbles récits de chaque photographe de la célèbre agence Magnum, on découvre que si celui-ci s’est souvent surpris lui-même de son cliché, il n’y a pas vraiment de hasard…
La chance se provoque, en photographie comme dans la vie.
Réussir des photos inoubliables
Je ne sais pas pourquoi, surement du au titre bien trop racoleur et « sûr de soi » à mon goût, je me suis demandé en quoi ce livre pouvait bien aider à réaliser des images « inoubliables ». Par simple curiosité donc, je l’ai ouvert m’attendant à découvrir les mots d’un photographe vaniteux expliquant son art.
J’avais tout faux. C’est les mots remplis de douceur d’un photgraphe amoureux de la vie que j’ai découvert en lisant l’introduction.
« Tout a commencé là, à l’âge de sept an : devant le garage de mes parents à Pittsburg, appuyé contre leur Chevrolet blanche, un petit appareil photo à la main. J’ai eu envie de capturer dans mes photos cette douceur de vivre ».
Ayant bien des lacunes en terme techiniques, je me sers cependant de mon appareil comme je conduirais une voiture, mes doigts se déplacent sans réfléchir sur les différentes molettes et boutons pour faire mes réglages. Je sais que si je dois apprendre encore et toujours, ca se fera désormais en côtoyant des photographes de talent et non dans les livres. « Reussir des photos inoubliables » était donc mal parti pour finir dans ma bibliothèque.
Sauf qu’ici, nul conseil de vitesse d’obturation ou de colorimétrie. Pour George Land, c’est son coeur et son âme qu’il faut penser à régler avant de prendre une photo.
Ses conseils ne sont pas transcendants. Aucune formule magique. Ses clichés touchent par leur douceur sans éblourir par leur technicité. Et si ses conseils paraissent parfois futiles (chaque page représente une photo accompagnée d’un conseil et de quelques explications sur la genèse de la photo), il n’en est rien. Tout parait logique et évident et pourtant… Pourtant, ça ne fait pas de mal de nous rappeler à l’odre de temps en temps.
Les appareils photos deviennent si performants, les lieux époustouflants si faciles d’accès, qu’on en oublie parfois l’essentiel, un petit détail d’une scène de vie, un sourire, un bisou…
Ce livre trouvé au rayon « Photographie » de la Fnac ne m’aura rien appris en photographie, mais il m’en aura appris un peu plus sur la vie. Je vous le disais en début d’article, je me perds régulièrement, j’oublie prfois de regarder le monde qui m’entoure avec des yeux d’enfant à cause de la place « professionnelle » qu’a pris la photo dans ma vie. Les mots de George Lange ont donc raisonné en moi comme une petite voix intérieure qui viendrait me faire des piqures de rappel : mettre sa tête en pause et ouvrir un peu plus son coeur pour capturer toute la beauté du monde et des personnes qui nous entourent.